18 avril 2021 5:50

Comment l’assouplissement quantitatif affecte-t-il le marché obligataire?

On ne sait pas exactement dans quelle mesure, ni même dans quelle direction, le programme d’ assouplissement quantitatif de la Réserve fédérale, ou QE, a affecté le marché obligataire.

La théorie simple du marché, basée sur une demande accrue d’acheteurs homogènes, prédit que les programmes d’achat de la Fed ont supprimé les rendements obligataires en deçà de leur niveau d’équilibre naturel du marché. Cette hypothèse suggère également que les prix des obligations étaient trop élevés, étant donné que le rendement et le prix se sont inversés, au point même de créer une bulle sur le marché obligataire.

Points clés à retenir

  • L’assouplissement quantitatif a été utilisé par la Réserve fédérale de 2008 à 2014 pour atténuer les effets financiers de la Grande Récession.
  • La stratégie consistait à acheter des obligations afin de supprimer leurs prix et de corriger une courbe de rendement biaisée.
  • Cela a-t-il fonctionné? Personne ne peut le dire définitivement.

L’assouplissement quantitatif est une approche non traditionnelle pour stimuler une économie, utilisée uniquement lorsque d’autres mesures échouent. Aux États-Unis, la Réserve fédérale a utilisé la stratégie pour atténuer les effets financiers de la Grande Récession. L’assouplissement quantitatif a été utilisé lors de plusieurs cycles commençant à la fin de 2008 et se poursuivant périodiquement jusqu’à la fin de 2014. La banque centrale a finalement accumulé plus de 4 000 milliards de dollars d’actifs financiers.

Assouplissement quantitatif et prix des obligations

Comme indiqué, une campagne visant à supprimer les rendements obligataires implique que les prix des obligations sont trop élevés.

En appliquant cette hypothèse, les stratégies d’ achat et de conservation traditionnelles et prudentes deviennent plus risquées. En fait, tant les risques de coûts d’opportunité que les risques de défaut réels s’intensifient lorsque les prix des obligations sont artificiellement élevés. Les détenteurs d’obligations reçoivent un rendement inférieur pour leurs investissements et sont exposés à l’inflation, perdant leur rendement alors qu’ils auraient pu mieux choisir des instruments avec une hausse plus élevée.

Avantages et inconvénients

Ce risque perçu était si fort que, lors des délibérations sur l’assouplissement quantitatif dans l’ Union européenne, les économistes du Conseil mondial des pensions ont averti que des taux d’intérêt artificiellement bas des obligations d’État pourraient compromettre la condition de sous-financement des fonds de pension. Ils ont fait valoir que la baisse des rendements du QE pourrait imposer aux retraités des taux d’épargne réels négatifs.

De nombreux économistes et analystes du marché obligataire s’inquiètent du fait que trop de QE pousse les prix des obligations trop haut en raison de taux d’intérêt artificiellement bas. Cependant, toute la création monétaire du QE pourrait conduire à une hausse de l’inflation.



L’Union européenne a également été aux prises avec les avantages et les inconvénients de l’assouplissement quantitatif.

L’arme conventionnelle utilisée par la Réserve fédérale et d’autres banques centrales pour lutter contre l’inflation est de relever les taux d’intérêt. La hausse des taux pourrait entraîner des pertes massives de valeur en principal pour les obligataires.

Cependant, certains facteurs en jeu remettent en question cette analyse apparemment logique. Les acheteurs d’obligations ne sont pas homogènes et les incitations à acheter des obligations et autres actifs financiers sont différentes pour la Réserve fédérale et pour les autres acteurs du marché.

Risques et attentes

En d’autres termes, la Fed n’achète pas nécessairement d’obligations sur une base marginale et les titres de créance entièrement garantis du gouvernement américain ne sont pas exposés aux mêmes risques de défaut que les autres actifs.

En outre, les anticipations du marché peuvent être intégrées au marché obligataire à l’avance, créant une situation dans laquelle les prix reflètent les conditions futures anticipées plutôt que les conditions actuelles.

Cela se voit dans les rendements obligataires historiques lorsque les rendements ont augmenté pendant plusieurs mois après le début du QE1. Après la fin du QE, les prix ont augmenté et les rendements ont chuté. C’est le contraire de ce que beaucoup supposaient.

Cela prouve-t-il que le marché obligataire est amélioré par l’assouplissement quantitatif? Certainement pas. Les circonstances ne se répètent jamais exactement de la même manière et aucune politique économique ne peut être évaluée dans le vide.

Il est encore tout à fait possible que les attentes du marché changent à nouveau et que les futures stratégies de QE auront des effets différents sur le marché obligataire.